Pendant ce temps là à Buenos Aires

Citation :

Marc regarda son neveu et Isiah partir régler leurs affaires dehors. Il se passa une main dans les cheveux comme à son habitude et s'accota au bar à côté de Gabrielle. Il n'était ni surpris, ni déçu, en fait, il espérait bien pouvoir jaser un peu à cet être hors de l'ordinaire.
- haha, j'espère que vous n'êtes pas sortie passer une soirée tranquille avec votre amie, mon neveu semble des plus perturbé par sa présence.

Il en profita pour bien prendre le portrait de sa nouvelle voisine. Malheureusement l'ombre qui était passé entre eux deux lors de son observation lui avait coupé tout ce qui aurait pu être intéressant. Ça serait encore meilleur de lui parler en cette belle soirée.

- Marc Edelmann et vous êtes?

Elle se tourna d'un mouvement rapide vers l'homme à la chevelure tout aussi blanche que celle des deux autres. Elle pencha la tête sur le côté avec un sourire en coin amusé, le regard rieur en pensant que les humains devait prendre tout ces gens aux cheveux blancs pour un gang ou peut être un groupe de musique ou une secte...allez savoir.

"Gabrielle"

Elle jeta un coup d'oeil derrière pour voir si les deux autres revenaient mais vu l'ambiance ils allaient sûrement en avoir pour un temps...

"Les soirées tranquilles ne sont pas drôles" continua-t-elle de sa voix grave et éraillée "Quant à cette jeune fille je ne la connaissais pas il y a 10 minutes" finit-elle avec un léger rire.

"Mais cette ville est de plus en plus surprenante"

Elle détailla Marc et huma discrètement l'air.

"Votre neveu...vous semblez bien jeune pour avoir un neveu de cet âge"

Elle gardait son sourire amusé et continuait de se tortiller, elle semblait assez speed et son regard passait d'une personne à l'autre sans logique aucune.

En tant qu'immortel, les gens étranges ne le faisait pas fuir, au contraire, c'était une occasion de renouer avec de vieux amis (ou de vieux ennemis). Marc remarqua le manège de Gabrielle et la trouva fort divertissante. Deux personnes qui ne se connaissent pas et qui s'émerveillent de leur manies, drôle d'adon.

Elle était assez subtile, malgré ses beaux cheveux verdâtre.Comme elle semblait encore assez humaine, il jugea qu'elle ne devait pas être revenue depuis très longtemps. Il n'avait rencontré qu'un autre immortel - par hazard - depuis les 6 derniers mois et il avait grande envie d'échanger.

Marc toussota un peu pour cacher son envie de rire à la dernière réplique de Gabrielle.

- Haha oui, je ne peux pas dire le contraire. Disons que Damien est plus un neveu par alliance que le fils de mon frère. C'est un bon garçon, je m'en suis pris d'affection aussi.

Marc se pencha à son tour pour sentir Gabrielle. De l'humus, il s'y attendait.

- Quel étrange parfum vous portez Gabrielle. Des notes de terre brûlée caressée par la lune, sans humidité, immobile. Comment s'appelle-t-il?

"Un neveu par alliance ? Mm...La famille...c'est très important"
commenta-t-elle en se disant qu'elle aimerait en savoir plus sur justement la famille de cette ville. Mais avant qu'elle ne puisse poser une question, l'homme aux cheveux blanc s'approcha d'elle.

Son sourire se fit encore plus grand lorsqu'il senti son odeur. Ses longs doigts noueux s'agrippèrent au bar et d'un mouvement souple elle se mit à genoux sur son tabouret. Elle pencha la tête sur le côté, d'un air des plus candide. Marc semblait joueur et trouver des compagnons de jeu était vraiment ce qu'elle attendait de sa première soirée en ville. Peu importe l'issue du jeu, renaître, mourir, rire puis pleurer tout dépendait des cycles finalement.

Elle pointa un doigt vers lui.

"Donnez lui un nom à ce parfum si vous vous sentez...inspiré..."

Gabrielle regarda son doigt toujours pointé sur le jeune homme comme si il ne lui appartenait pas. Elle le replia lentement en continuant de regarder ce doigt et posa ses deux mains sur ses genoux avant de rire. Certaines croyances humaines atteignaient donc les nephilims...ne pas pointer du doigt car c'était ce que les prétendues sorcières humaines faisait lorsqu'elles jetaient une malédiction.
Elle se tortilla, tout à son amusement.

"Vous avez peur que je vous transforme en crapaud ?"

Le ton était franchement amusé mais pas moqueur pour un sou, l'onirim lui plaisait bien, il était distrayant. Elle pencha de nouveau la tête sur le côté et sourit.

"Man-dra-gore" dit-elle en détachant toutes les syllabes "La seule plante de forme humaine qui aime beaucoup les cocktails à la pomme !"

Gabrielle regardait à droite, puis à gauche, toujours avec ce même problème de concentration. Assise de cette manière étrange sur le tabouret, les jambes repliées sous elle, son équilibre semblait instable et elle ressemblait à un moineau prêt à tomber du nid...

"Mmm faire faire faire...je crois que là je discute avec un être lunaire et je pense pense pense pourquoi est-ce que je ne sens pas d'odeur." Elle tapota son propre nez du bout de son doigt "J'aime les odeurs, elles sont comme une carte d'identité, infalsifiable malgré tous les efforts que l'on puisse faire"

Elle se pencha vers le jeune homme, son équilibre sur le tabouret devenant encore plus précaire mais cela ne semblait pas l'inquiéter ou peut être ne s'en rendait-elle même pas compte, et chercha une odeur aussi minime soit-elle.
Sa déconcentration, ce petit grain de folie en elle, ne l'empêchait pas de se poser des questions et elle aimait savoir à qui elle s'adressait, pour jouer il valait mieux toujours savoir avec qui commençait la partie.

"Qui êtes vous Marc..." demanda-t-elle de sa voix rocailleuse.

Elle plissa les yeux et retrouva l'équilibre sur son tabouret de bar. Le visage penché sur le côté, elle aurait payé cher pour passer l'Onirim en vision Ka, mais il lui faudrait encore un peu de patience. L'homme semblait aimer cultiver le mystère et sa curiosité maladive en était encore plus titillée. Elle prit son cocktail à la pomme et bu une gorgée puis garda le verre entre ses mains, l'air satisfait.

"Je les aime encore plus lorsqu'elles sont bien racontées" répondit-elle avec un large sourire.

Après tout s'était vrai, elle avait été un vieux sage soufis et des histoires elle en avait entendu des centaines tout au long de ses réincarnation. Qu'allait donc lui raconter le jeune homme...là était la question.

Marc regarda la jeune fille reprendre son équilibre et attendre ce qu'il avait à dire. Il se râcla la gorge et passa une main dans ses cheveux encore une fois. C'était étrange, car en ce moment il était l'enfant et Gabrielle avait visiblement des dizaines d'années d'avance sur lui. Il espérait quand même qu'elle soit une alliée pour son problème. Au moins les faerim étaient réputés pour leur jovialité.

L'onirim regarda le coin sombre d'où il était parti et hocha la tête.

- Alors j'espère être à la hauteur de vos attentes jolie plante.

- Il était une fois, deux corbeaux qui naquirent du même oeuf. Ils grandirent ensemble et vivèrent libre dans leurs montagnes natales. Ils adoraient jouer et s'amuser, parfois au dépend des autres, mais ce n'étaient que des oiseaux moqueurs après tout. Le soleil réchauffaient leur ailes le jour, et la lune jouait pour eux une douce musique la nuit.

- Un jour, la maladie frappa un des deux corbeaux. Il volait de moins en moins haut et le soleil, au lieu de le réchauffer, le brûlait jusqu'au plus profond de son âme.

- Le second corbeau continua de vivre inscouciant et se balada au soleil, délaissant de plus en plus les plaisirs de la nuit. Longtemps après, il se rendit compte que son frère ne volait plus à ses côtés. Il le chercha aux 4 coins du monde, mais ne le trouva pas, car il vivait le jour et son frère préférait la nuit.

- Il se posa sur la plus haute montagne et décida d'écouter ce que la lune pourrait lui dire. Elle lui chanta une balade et il su à ce moment que son frère était dans les bras de la lune, mourrant.

- Le second corbeau redescendit la montagne et chercha un remède auprès des plus grands sages. Il consulta le phoenix qui lui dit de combattre la maladie avec une lame. Il poursuivit l'aigle qui ne fit que passer. Il écouta le sage triton qui lui suggéra d'accepter l'inévitable. Il trouva le serpent qui lui confia une tâche plus impossible encore. Ne resta que le grand chêne, qui au courrant de sa longue vie et avec l'aide de ses longues racines, pourrait peut-être trouver la solution à ce mystère.

Marc bu une gorgée de son brevage. Il savait que son récit était inachevé et il scruta les réactions de Gabrielle avant de poser la fin.

Elle le regardait, les yeux légèrement plissés, il avait capté le peu d'attention qu'elle pouvait avoir lors d'une soirée comme celle-ci et dieu sait que ce n'était pas une mince affaire. Mais elle percevait les réponses à ses questions, sa curiosité aiguisée était de plus en plus satisfaite malgré les points d'ombre. Elle but de nouveau une gorgée de son verre, se laissant ainsi le temps d'intégrer pleinement ce que l'Onirim lui racontait. Puis de sa voix grave et rocailleuse elle demanda :

"Un frère mourrant et des conseils qui ne vous ont pas satisfait, vous espérez que la terre vous offre ce que les autres n'ont pas pu vous offrir..."

Elle hocha la tête, son regard se fit interrogateur, elle l'invitait à continuer son récit, à le pousser plus loin.

Marc vida son verre cul-sec, son 8ième de la soirée. Heureusement que le goût était agréable, car les effets de l'alcool étaient mitigés. Il regarda Gabrielle à travers son verre maintenant vide. Elle n'était plus qu'un amassis de couleurs, ça lui rappellait étrangement son pentacle.

Il redéposa son verre et lui sourit. Il devait mémoriser chaque détail de sa compagne, au moins sa voix ne le tromperait jamais. L'onirim avait hâte de retourner chez lui et noter sa rencontre de ce soir. Gabrielle était réceptive, restait à savoir s'il pouvait lui faire confiance. Il regarda les ombres une fois de plus, mais il n'y trouva pas la réponse recherchée. Marc se râcla la gorge de nouveau.

- Hrm, vous savez Gabrielle, ce n'est qu'une histoire. Dans la réalité, il y a malheureusement beaucoup trop d'opposant qui ne cherchent qu'à accomplir de vieilles vengeance. Même si j'ai une bonne idée du personnage principal de la vôtre, je ne demanderais pas mieux que d'en apprendre davantage. Êtes-vous une bonne conteuse?

Marc pris la carte délicatement, comme si elle allait s'effriter dans ses mains. Il ne pensait pas qu'il se ferait un jour à ce genre de personnalité, mais celle-ci était plus sympathique que l'autre. Un pas dans la bonne direction, il en parlerait à son frère.

- Je n'y manquerai pas chère demoiselle. Je crois que notre soirée se terminera sur ce. Je vous remercie de votre compagnie, qui était sans nulle doute plus intrigeante que celle de mon neveu.

L'onirim repassa une main dans ses cheveux et fit une légère révérence à Gabrielle. Il passa au guichet pour payer et en profita pour faire envoyer un autre drink à l'étrange mandragore.

Marc salua de loin Damien, encore en pleine conversation avec Isiah et retourna chez lui satisfait. Enfin presque, il lui restait quelques trucs de routine à faire avant de se remettre à l'écriture de son cher livre.