Une visite attendue [Marc]

Gabrielle sursauta, elle n'avait pas vu le temps passer. Habillée d'un t-shirt lâche, découvrant ses épaules, et d'un jean basic, c'est pieds nus et avec des traces de terre sur ses vêtements, qu'elle alla ouvrir la porte.
Elle s'arrêta un instant devant sa porte, jetant un coup d'oeil au miroir de son entrée. Les mains terreuses à cause de son activité et son habillement lui donnait l'air d'une petite souillon, ce qui la fit rire. Elle tourna en se regardant et rit encore plus.
A travers la porte Marc pouvait certainement entendre rire et se demander ce qu'elle attendait pour lui ouvrir.
Mais elle ne tarda pas plus longtemps. Elle ouvrit la porte avec un grand, brillant et joyeux sourire.

"Bonjour Marc"

Elle se dégagea de la porte pour le laisser passer, faisant apparaître un studio dont chaque chose était à sa place...enfin selon Gabrielle...c'est à dire un vrai foutoir.
La première chose qui saute au yeux, est le mur de plante sur lequel elle était entrain de travailler avec efficacité :

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Pour le reste, c'était un joyeux bordel. Des livres d'anthropologie appartenant à son simulacre étaient posés en pile un peu partout, des caisses de plantes fraîches rendait la progression dans l'appartement compliqué, sans compter sur les billes qui jonchaient le sol. Le seul coin correctement rangé était la kitchenette et son petit bar.

Vergil regarda le tout avec un sourcil levé. Lorsque Marc était encore maître de son corps, son loft ressemblait un peu à ça... minus les plantes bien entendu. La première chose qu'il avait fait, avait été de tout ranger dans un ordre des plus logique. Il passa à l'intérieur en toussotant un peu.

- Bonjour Gabrielle. Ton appartement est... surprenant et ta murale très jolie, mais jamais autant que toi.

Il lui sourit et prit sa main droite pour y déposer ses lèvres, mais en voyant toute la terre, il leva de nouveau un sourcil et décida que la politesse arrêtait là... quitte à parraître stupide.

Gabrielle éclata de rire lorsque le classe et délicat Marc arrêta son mouvement. Toujours son rire puissant et étrange dans un corps aussi frêle et toujours aussi spontannée elle leva un doigt devant lui...

"Attends, ne bouges pas ! D'accord ?!"

Sans attendre de réponse, elle fit semblant de fermer une porte invisible devant Marc et partit en sautillant. L'humeur toujours joueuse, un grand sourire sur le visage.
Elle alla jusqu'à l'évier et se lava les mains, enlevant bien toute la terre puis retourna devant Marc et fit semblant d'ouvrir la porte de nouveau.

"Oh bonjour Marc !"

Elle semblait vraiment très amusé de refaire son entrée et de pouvoir laisser à Marc la possibilité d'avoir ses bonnes manières.

Marc regarda Gabrielle gambader avec incompréhension et une lueur de découragement lui passa lorsqu'il comprit enfin ce qu'elle essayait de faire. Ce n'était pas le genre de choses auxquelles il était habitué et il essaya de cacher son sourire sous son air de businessman hautain. Pourtant il décide de jouer le jeu de façon un peu plat.

- Bonjour Gabrielle...

Et il reprit sa main beaucoup, moins convaincu que la première fois, et lui déposa le baiser qu'il lui avait destiné. Il ne s'attarda cependant pas et passa à côté de la Nephillim tout en zigzagant à travers les choses par terre.

- Ça ne te gêne pas si "j'entre" hum? Je ne pense pas que les formalités te dérangent...

Marc haussa les épaules et décida de poser son manteau sur un dossier de chaise.

Elle regarda Marc entrer avant de fermer la porte, la vraie cette fois, du bout de son petit pied. Effectivement, les formalités n'avaient pas beaucoup de sens pour elle.

"Mets toi à l'aise et assis toi où tu..."

Elle hésita sur le mot à choisir vu l'état de l'appartement

"....veut et peut"

Le mieux lorsqu'on hésite c'est de choisir les deux se dit-elle, et elle accompagna la fin de sa phrase d'un grand sourire.

De son côté elle s'assit sur le petit canapé, en tailleur, et observa l'Onirim un instant. Son air hautain, la froideur apparente et ses manières...Elle se mordit la lèvre.

"Est-ce que tu...tiens c'est amusant on ne se tutoyait pas la dernière fois au bar" Elle eut un léger rire en repensant à cette soirée avant de reprendre sa phrase "..est-ce que tu veux boire quelque chose ?"

En effet, Marc se dit qu'il n'aurait pas le choix de se creuser un trou dans cet endroit. Déjà, il déposa son paquet sur la table, hésita quelques secondes, puis fini par mettre son manteau sur le dossier d'une chaise avant de s'assoir sur celle-ci. Il promena son regard dans la pièce alors que Gabrielle lui parlait et lu le premier titre de livre qui trainait là: l'évolution humain.

Marc était curieux de savoir ce qu'elle pouvait bien être et il désirait prendre son temps pour le faire. Mais en même temps, il ne voulait pas trop s'attarder. Sans y penser, il se passa la main dans les cheveux.

- Il faut croire Gabrielle, qu'être invité chez quelqu'un démontre une certaine intimité où le vouvoiement n'a pas d'affaire. Ta maison rélève peut-être plus que toi-même. Avoir douté que tu étais une faerim, l'évidence m'aurait frappé comme un mur de brique. Il haussa les épaules. Je boirai avec toi. J'ai d'ailleurs apporté une bouteille de cidre en ton honneur.

Elle tapa joyeusement dans ses mains avant de se relever d'un bond. Visiblement se frayer un passage dans le studio ne semblait pas lui poser de problème à elle. Elle attrapa le cadeau de son invité et se dirigea vers la cuisine.

"Du cidre ! Excellente idée. Merci. De mon côté j'ai une bouteille de Lambrusco rouge ou bien du Prescato. J'aime beaucoup les vins pétillant italien et tout ce qui pétille !"

Elle alla à la kitchenette et déboucha la bouteille de cidre de son invité avant de remplir deux verres.

"Viens plutôt t'installer ici, ça t'éviteras d'avoir la vue sur..." Puis comme si elle tiltait au même moment. "Tu as douté que j'étais une faerim ? Alors là il faudra que tu m'expliques comment. De quoi ai-je l'air d'autre..."

Elle semblait joyeusement agité et amusé par cette remarque de l'Onirim... Elle posa le verre pour Marc sur le bar de la kitchenette à l'américaine. Elle même s'installa...mais pas sur un des sièges non, elle sauta directement sur le bar et s'y assit en tailleur.

Marc haussa les épaules en se relevant.

- Humpf, c'est plus pour toi tu sais. De ce que j'ai compris, la discrétion était une coutume plus qu'un luxe au 21e siècle.

Il prit la coupe qui lui était destiné.

- À la tienne Gabrielle et à une amitié naissante j'espère.

Il cogna sa coupe contre celle de la Faerim et en bu une longue gorgée. Pas mauvais ce jus de pomme. Il s'accota contre le mur opposé et se passa une main dans les cheveux. Il essaya d'ignorer toutes les manies étranges de Gabrielle. En fait, elles commençaient à lui plaire. S'il passait pour n'importe quel Jean-Jean, elle avait décidé de vivre pleinement sa vie d'immortelle.

- Tu travailles sur quoi... hum?

Il pointa lachement la murale de plantes

Elle trinqua avec Marc et descendit le verre de cidre d'un coup, elle était assoifée.

"Ah oui, très agréable comme boisson." approuva-t-elle avant de regarder le mur que lui désignait l'Onirim.

"Et bien, je travaille à ma serre voyons !" comme si c'était une évidence. "Une petite plante trop loin de la nature dans une grande ville sombre et froide, je ne voudrais pas me fâner"

Elle souriait et balançait ses jambes d'un côté et de l'autre d'un air gamin. Elle regardait l'Onirim comme si elle avait devant elle une plante spéciale, peut être à apprivoiser, en tout cas qui l'amusait dans son attitude et surtout dans son apparence terriblement humaine si on faisait abstraction de la blancheur de ses cheveux..elle avait envie de connaître.

"Comme toutes les plantes j'ai besoin de tous les éléments pour survivre et qu'on me racontes aussi des histoires, qu'on me parle beaucoup..."

"Et qu'on enlève la poussière de mes feuilles aussi !" termina-t-elle en éclatant d'un rire rocailleux.

Marc éclata d'un grand rire

- Allons! Tu déplace tellement d'air qu'aucun grain de poussière ne pourrait rester sur toi très longtemps.

Mais Vergil la regarda pour être effectivement sur que la poussière ne colle pas sur elle... mis à part les traces de terre sous se ongles et cette feuille prise dans ses cheveux... L'homme s'étira la main pour la prendre et en profita pour lui chatouiller le nez au passage.

- Tient je garderai un souvenir de toi en échange d'une histoire! Mais si tu te nourris de belles paroles, vaut mieux bien t'arroser au passage hum?

Marc tinta de nouveau son verre contre celui de Gabrielle, l'incitant à le remplir.

- Alors quel genre d'histoire peut t'intéresser. Une avec du soleil peux-être? C'est dommage que mon répertoire est assez limité, tu vois, ça fait très longtemps que mon livre n'a été ouvert et je crains qu'il manque plusieurs pages.

- Tu connais déjà celle des deux corbeaux... mais je peux toujours la poursuivre.

Marc vida son verre à son tour et chercha un peu ses mots. C'était vrai que son répertoire était limité. Si limité en fait qu'il n'avait qu'un seul souvenir.

- Le premier corbeau, blessé, n'eut crainte que sa maladie soit contagieuse et pour prévenir cela, décida de prendre les devants et de couper le fils de la vie de celui qui vivait le jour. Le second corbeau tomba dans les abîmes froides et de son long sommeil, il n'eu qu'une seule question: pourquoi? Tel un noyé, il resta dans l'eau sans pouvoir atteindre la surface. Les années passèrent et les décénies et les siècles, mais même si l'eau devenait de plus en plus lourde pour le corbeau, sa rage le poussait à lutter encore et encore jusqu'au jour où il refit surface en ayant en tête toujours cette même question.

Elle rigola en se frottant le nez de la paume de sa main lorsqu'il le chatouilla.

"Une feuille pour une histoire, c'est un deal qui me paraît parfaitement acceptable !"

Elle se resservit du cidre, elle aimait beaucoup être arrosé en effet, mais ce n'était pas le cidre qui lui ferait perdre l'esprit si c'était ce que ce coquin de Marc espérait...elle le perdrait de plein gré et ça il ne pouvait pas s'y attendre. Bien évidemment elle adorait les histoires parlant de soleil mais elle aimait finalement toutes les histoires de lumière ou d'ombre, tant qu'elles étaient bien racontées et tout en resservant Marc à son tour et en l'écoutant elle trouvait que ce dernier était plutôt doué comme conteur.

"La question du pourquoi" commenta-t-elle amusée "C'est cela n'est-ce pas ?"

Elle but encore d'un trait le délicieux jus de pommes puis hocha la tête, toujours agréablement souriante.

"Pourtant la réponse lui a été donné à ce petit corbeau, peut-être qu'il devrait se demander pourquoi il ne l'accepte pas, à moins qu'il ne le sache déjà...et dans ce cas cela rend ce petit corbeau encore plus intéressant..."